Arthur est mon patient en thérapie individuelle depuis plusieurs mois. Lors d’un Rendez-vous individuel, il me demande de travailler sur sa brusquerie par rapport à sa fille de 2 ans et demi…
Il a, dit-il, des comportements pas bons du tout pour sa fille et sa femme dit que il doit traiter ça en thérapie individuelle. Elle ne trouve pas normal qu’il soit si brusque. Elle trouve qu’il devrait arriver à être plus calme. Elle pense que c’est lié à son histoire personnelle, sa relation avec son père notamment et donc que la thérapie individuelle va l’aider à être un meilleur père pour leur fille. Et il est d’accord avec elle.
J’ai déjà conseillé plusieurs fois à ce couple d’aller en thérapie de couple mais elle n’est pas preneuse et ils sont tous les deux forts pris par leur travail (excuse très fréquente 😉)
Je lui demande de me donner un exemple précis pour illustrer ce qui pose problème selon eux…
Un dimanche midi, la petite famille est à table. Lola ne veut pas manger, crie, tape des pieds… Arthur la prend par le bras pour la remettre à table. Sophie lui dit de la prendre dans ses bras gentiment pour la rassurer. La petite se débat, et il la remet brusquement sur sa chaise.
Sophie lui fait alors remarquer qu’il a été trop brusque. Il nie d’abord, se justifie et puis finalement admet que oui et s’excuse auprès de la petite.
Sophie est hors d’elle, elle lui crie d’aller voir sa psy !
Arthur m’explique qu’il était pris entre : il faut que je calme ma fille et Sophie me dit quoi faire, il faut que je fasse autrement que ce que je fais spontanément.
Je lui suggère que la brusquerie pourrait être liée au fait qu’il se sente pris entre ces deux pressions, et que peut être ce n’est pas la réaction qui est à travailler car il peut être légitime d’être « brusque » quand on est sous pression, coincé comme çà… Il se pourrait donc qu’il soit utile de travailler l’interaction entre les deux parents pour baisser la tension entre eux quand ils n’ont pas le même avis sur la manière de réagir face à leur enfant.
Il peut sembler ici qu’il agit d’un travail sur le rôle parental mais c’est surtout sur le fonctionnement de ce couple qu’il est utile de travailler. En effet l’un impose sa vision et l’autre se sent pris en défaut et se sent coupable de ne pas agir comme l’autre le veut. Ces positionnements maintiennent le déséquilibre dans le couple et cela se vit sans aucun doute également par rapport à d’autres sujets que l’éducation des enfants…
Arthur ajoute que quand ils discutent ensuite du problème, c’est en effet toujours sa réaction a lui qui devient le sujet de la conversation et pas l’interaction entre lui et elle qui amène cette réaction chez lui, cette réaction inadéquate selon elle , et qu’il prend comme telle lui aussi.
L’un est donc dans une position basse « je suis le mauvais, le coupable » et l’autre dans une position haute « tu dois agir comme je le pense ».
Je lui propose d’amener la discussion sur : comment agir quand nous ne sommes pas d’accord par rapport à un enfant ou par rapport à un autre sujet… ?
Car tant lui que elle sont « coincés » et en réaction.
En effet, Sophie aussi est coincée entre il faut calmer la petite, je vois ce que tu fais et je veux que çà se passe autrement … et elle réagit en « exigeant » qu’il fasse comme elle veut.
Il y a bien un jeu de pouvoir entre ces deux partenaire : l’un exige et l’autre se plie, se remet en cause, les deux joueurs participent à ce que cela se mette ainsi en place.
Arthur comprend très bien ce jeu et le met en lumière dans d’autres situations de leur couple : la cuisine, les temps de repos, les sorties…
Je lui demande alors pourquoi lui accepte de jouer ce rôle.
Il me répond qu’il n’aime pas les disputes et que lorsque la dispute est là, pour avoir la paix, il va dans son sens. Il ajoute qu’une part d’elle ne « lâche pas »… elle veut gagner pour avoir la paix elle aussi !
Les deux partenaires de ce jeu relationnel ont donc le même besoin mais pas la même stratégie, selon la CNV.
Je lui propose d’avoir une conversation avec elle : comment notre couple va trouver que faire pour satisfaire ce besoin avec une stratégie qui convienne aux deux ? Comment faire autrement que j’impose/je me plie ?
Il me dit qu’il lui parlera de cela le soir même.
Je lui propose d’avoir d’abord une conversation pour trouver ensemble le bon moment pour se parler (ce couple se met ainsi déjà au travail ensemble)
Je lui propose aussi de dire clairement de quoi il souhaite lui parler, de lui exprimer son besoin par rapport à cette « rencontre » et le bénéfice pour le couple, eux en tant que parents et donc aussi leurs enfants.
Dernier conseil : s’ils n’y arrivent pas ensemble, aller en thérapie de couple pourra les aider à sortir de ce système. Etant la thérapeute individuelle d’Arthur, je ne pourrai les accompagner de façon neutre en couple et lui propose alors de contacter un autre thérapeute de couple si nécessaire.
Dans l’exemple ci-dessus, le jeu relationnel a été mis en évidence par rapport à l’éducation des enfants. Le piège est de se battre pour imposer sa vision de l’éducation ou à l’inverse de se laisser guider par l’autre, voire imposer sa façon de voir les choses. Ce type de relation mis en place par rapport à l’éducation se rejoue sans aucun doute dans d’autres domaines de la vie de couple.
Même en séance individuelle, il est possible de progresser en couple. Mais j’insiste encore, l’idéal est de travailler ensemble en thérapie de couple.
Il s’agit de sortir alors de « moi je » et « toi tu » et de voir ensemble comment faire autrement.
En résumé et dans l’ordre 😉
Même si le problème semble appartenir à un des partenaires ou est amené comme tel, en thérapie individuelle, le vrai problème se situe, entre les partenaires du couple. Dans la séance relevée dans cet article, c’est une difficulté en tant que parents qui est amenée mais quelle que soit la difficulté, la solution consiste à chercher comment faire autrement ensemble.
L’idéal est de se faire accompagner en thérapie de couple.
Toutefois une thérapie individuelle peut aussi aider le couple, en se décalant du problème d’un individu pour mettre le focus sur l’interaction, la relation, le jeu entre les deux partenaires.
Si nous arrivons à nous rejoindre au niveau de nos besoins et mettons en lumière que la manière d’arriver à les satisfaire – stratégies selon la CNV – sont différents et cristallisent le problème au lieu de le résoudre, nous pouvons chercher comment ensemble adopter une autre façon de faire, respectueuse de chacun et du couple … et des enfants …
Ceci n’est possible en thérapie individuelle que si chacun des partenaires est « mature » pour ces remises en questions et ces changements de point de vue sans aide spécifique d’un professionnel. Cela constitue souvent une limite de la thérapie individuelle pour aider le couple.
La thérapie de couple au contraire connait peu de limites…
A vous de choisir !
Gaetana Vastamente
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